Le Qi gong
Le terme de qi gong est apparu relativement récemment dans les années 50, Liu Guizhen (1920-1982) l’emploie explicitement dans son livre Application de la thérapie par le qi gong - Qigong liaofa shixian 1957. Son objectif était de faire connaitre les pratiques auxquelles il a été initié par son oncle Liu Duzhou. Il pourrait ainsi être considéré comme le père du qi gong contemporain.
Il a récupéré des exercices de différentes pratiques (Dao yin, arts martiaux…) et les a regroupées sous l’appellation qi gong.
Il s’agit d’un terme générique dont le champ sémantique est très vaste puisqu’il définit tous types de travail sur le qi.
On pourrait mettre en avant 4 catégories dans le qi gong:
Un qi gong lié aux arts martiaux, afin d’améliorer la performance martiale (résistance à l’encaissement, développement d’un certain type de force…)
Un qi gong qui dépend du ministère des sports chinois, il revêt plus un caractère esthétique et peut même faire l’objet de compétition.
Un qi gong médical, à diviser en 2 types. Pratiqué par certains praticiens dans le but d’avoir une action thérapeutique sur une personne et des exercices de qi gong pratiqués par des patients sur recommandations de leur médecin.
Un qi gong qu’on peut qualifier de « spirituel » qui vient se mêler à des courants de pensée tels le bouddhisme ou le taoïsme.
Avant cela on parle plutôt de dao yin 導引; Dao signifiant guider, conduire et yin voulant dire étendre, étirer.
Des manuscrits datant de 168 à 180 av JC retrouvés dans le tombeau de Mawangdui en 1973 font référence à An Mo (le massage) et Dao Yin en tant qu’outils/pratiques de la médecine chinoise de l’époque.
Dans ces rouleaux, on y parle aussi de longévité notamment dans le 卻穀食氣 Quegu shiqi (abandonner les graines et se nourrir de qi) qui décrit une méthode pour remplacer les céréales dans l’alimentation par la cultivation et l’absorption du qi et dans lequel on trouve des représentations de mouvements.
Il s’agit principalement d’exercices d’étirement, d’assouplissement en vue de mobiliser le corps.
On retrouve aussi l’influence du nei dan (alchimie interne) à travers les exercices de respiration, de visualisation dans un but de longévité et les 3 notions jing, qi, shen (corps essence, souffle, esprit).
Ainsi que le yang sheng (nourrir la vie) qui est un ensemble de pratiques regroupant l’alimentation, le mode de vie, la respiration, la gestion des émotions tout ça à des fins d’entretien du principe vital et de prévention.
On retrouve dans le huangdi neijing des expressions qui font référence aux pratiques alchimiques internes comme le travail sur les souffles, la conservation du jing, inspirer-expirer jingqi, fuqi (manger le qi), neiqi-waiqi (qi interne et externe), shuxi (compter les respirations) ou encore zuochan (méditation assise, zazen en japonais).
Toutes ces pratiques seront aussi influencées par le bouddhisme surtout entre le 7eme et le 10eme siècle après JC (dynastie Tang).
Sous les Song, l’alchimie externe est tombée en désuétude et il ne reste que des pratiques internes.
« La vision des méridiens ne peut être clairement perçue que par ceux qui peuvent tourner leur regard à l’intérieur. »
Li Shizhen
Certains qi gong comme le Shaolin neigong ou le yi jin jing vont servir de travail préparatoire du masseur avec pour objectifs un entrainement de la force statique (musculaire), un renforcement de l’élasticité et de la sensibilité ainsi que la projection de force sur un court laps de temps.
Il s’agira pour le praticien de tonifier Zheng qi, d’accroitre son endurance et de transformer ses tissus (en augmentant le nombre de fibres musculaires par exemple).
D’autres qi gong, comme par exemple Ba duan jin, ont pour objectifs de nourrir, de tonifier, d’activer et de renforcer le métabolisme. Ils peuvent être pratiqués dans un but de prévention et d’entretien de la santé.
Les 3 principes dans le qi gong sont de réguler: San tiao 三調 les 3 régulations
Shen 身 le corps recherche de song la détente, le relâchement mais en conservant une certaine tenue
Xi 息 la respiration voir les différents qualités de la respiration
Xin 心 le coeur/esprit apaiser le coeur à travers le calme et la quiétude, le jeûne du coeur
Les points spéciaux à rechercher durant la pratique sont:
Song 鬆 le relâchement du corps et de l’esprit
Jing 静 le calme paisible. La quiétude
Zi ran 自然. Soit rester naturel, tout doit se dérouler dans un état naturel.
Yuan 圜 la rondeur des gestes, des postures et des mouvements
ruan 軟 la souplesse (comme la branche d’un arbre)
Précautions:
Ne jamais pratiquer dans un courant d’air.
Si on pratique en intérieur, s’assurer que la pièce a été aérée, si on pratique en extérieur, s’assurer de ne pas être à proximité d’une source de pollution de l’air.
Notre état avant et pendant la pratique doit être paisible (faire attention à son état d’esprit ex: ne pas pratiquer après s’être mis en colère).
Avoir un entrainement régulier
Ne pas pratiquer après un rapport sexuel.
Aller aux toilettes avant de pratiquer.
Ne pas s’entrainer juste après un repas ou en étant affamé.
Ne pas aller trop loin dans l’entrainement.
Les 7 principes généraux du qi gong:
鬆静自然 (songjing ziran): Détente et tranquillité naturelle
Eviter toutes tensions physiques ou mentales pour atteindre un état de quiétude.
動静结合 (dongjing jiehe): Associer mouvement et immobilité (activité et tranquillité)
Mettre du mouvement dans l’immobilité, faire circuler le qi dans un calme apparent. Si on pratique en mouvement, il s’agit d’être actif à l’extérieur et paisible à l’intérieur ou inversement pour les pratiques statiques.
上虚下實 (shangxu xiashi): Vider le haut et remplir le bas
La partie haute du corps doit être détendue, relâchée. L’attention est portée non pas au niveau de la tête mais au niveau du dan tian inférieur avec une idée d’enracinement des membres inférieurs.
意氣相随 (yiqi xiangsui): Interaction mutuelle entre intention et qi
Le mouvement de l’un induit le mouvement de l’autre dans la même direction. On va utiliser la conscience pour propulser le qi et l’amener à un endroit. Le qi agit sur le psychisme (shen), l’intention dirige le qi.
火侯造度 (huohou zaodu): Contrôler le degré du feu (interne)
Il s’agit de contrôler l’intensité du qi dans le dan tian en fonction de ce que l’on souhaite produire. Il y a la notion de qihua - la transformation du qi.
聯養相兼 (lianyang xiangjian): Associer de façon complémentaire l’entrainement et la nutrition
Si on veut entretenir la dynamique, il faut aussi nourrir. Il est important de pratiquer des qi gong de nutrition en amont de la pratique des qi gong de circulation, sinon il n’y a rien à faire circuler et cela peut causer des problèmes.
循序渐進 (xunxu jianjin): Progresser graduellement étape par étape
Si on brûle les étapes, on peut mettre en péril tout le travail accompli.